Mac Tyer revient sur le décès de son frère Bigou
Mac Tyer rompt le silence et revient sur les circonstance de la mort de son frère…
Pratiquement un mois après la disparition de son frère Bigou, Mac Tyer a décidé de s’exprimer pour la 1ère fois via un communiqué posté sur sa page Facebook sur les circonstances de ce drame. Un communiqué touchant, dans lequel il détaille les circonstances réelles de la mort de son jeune frère. Des écrits qui sonnent comme un cri au nom de toutes les familles victimes d'erreurs médicales.
Communiqué sur les circonstances de la mort de Bigou :
Mon frère Bigou s’est fait opérer d’une hernie abdominale à la clinique Mont-Louis dans le 11eme arrondissement de Paris. Il s’agit normalement d’une intervention bénigne, simple et sans risque qui s’effectue en « soin ambulatoire » c'est-à-dire que l’on sort le jour même. Mon frère Guillaume – Bigou était en pleine forme, un vrai sportif âgé de 28 ans . La technique utilisée pour cette opération est la fibroscopie. Elle consiste à gonfler l’œsophage et à y introduire un tube fin et souple, équipé d’une lumière et d’un système de visualisation pour mener l’opération chirurgicale.
C’est mon frère John qui l’a déposé le lundi 09 février vers onze heures trente. Il est d’ailleurs resté avec lui pendant une heure et demie car Bigou angoissait légèrement et John l’a pris en photo dans une tenue de patient que Bigou a aussitôt partagé en postant « Y a un nouveau modèle MDR ». Et John l’a laissé au cinquième étage de la Clinique Mont-Louis pour revenir le chercher le soir même. John l’a donc laissé dans sa chambre en lui disant : « Tout à l’heure je reviens ».
En fin de journée, John et moi sommes retournés au cinquième étage de l’établissement pour le retrouver et le ramener. A l’étage, nous avons demandé à l’une des infirmières qui nous a répondu : « Ah oui la personne venue pour une hernie abdominale, allez à la chambre 415 ». Nous sommes descendus au quatrième étage et lorsque nous avons demandé des nouvelles de Bigou, on nous a demandé de l’attendre dans la chambre qui lui aurait été attribuée mais où se trouvait déjà un autre patient. Pour ne pas déranger cette personne nous avons préféré patienter au Rez-de-Chaussée de la clinique en cumulant pendant plus d’une heure et demie des allers retours entre le rez-de-chaussée et la chambre 415. On demandait aux infirmières et à leurs réponses, on a senti une gêne mais lorsque l’une d’entre elles nous a dit qu’il était probablement en salle de réveil car elle avait eu le chirurgien, nous ne nous sommes pas inquiétés.
Cela signifie que Bigou a été emmené au bloc opératoire pour
son opération à 14h00 et que personne ne nous a informé entre 18h
et 20h30 d’une quelconque complication pendant cette intervention.
Loin de nous douter de ce qui s’était passé nous avons quitté les
lieux pensant retrouver Bigou le lendemain.
Avec John, nous avons mangé dans le resto d’un ami dans le quartier
du Père Lachaise. Puis je suis retourné travailler toute la nuit
sur mon album. C’est au petit matin que je me suis endormi et qu’un
appel m’a réveillé. Il s’agissait de la femme de Bigou. Elle nous a
devancé en allant chercher son mari.
C’est avec sang-froid qu’elle m’a annoncé « Bigou est mort
».
La nouvelle m’a assommé mais je n’ai pas douté de ce qu’elle me
disait. J’ai annoncé à John qui se préparait pour que nous allions
le chercher : « Bigou est mort ». Ce moment est dur et lourd mais
en même temps irréel alors que le poids des mots ne laisse pas de
place au doute. On est à la fois sidéré et on réalise pourtant que
c’est une dure réalité à affronter. Nous sommes partis sur place
immédiatement et une surveillante qui se trouvait avec la femme de
Bigou nous a précisé qu’elle ne pouvait rapporter que ce qu’on lui
avait dit. Elle a vu qu’on était sous le choc et elle s’est
effondrée en larmes avec nous ; certains ont même pensé que c’était
une proche de la famille.
Le chirurgien a rejoint cet entretien dans une salle mise à notre disposition et nous a répondu « Je ne sais pas de quoi il est mort. Je ne comprends pas ». Cette phrase résonne en permanence et alimente notre incompréhension totale et notre malaise extrême.
John a contacté notre avocat et ami, Me Yann LE BRAS qui a pu nous rejoindre aussitôt. Nous avons retrouvé le corps de Bigou en sous-sol dans une chambre qui fait office de chambre mortuaire sans être une morgue réfrigérée et l’administration de la clinique s’est montrée très réactive au niveau administratif pour nous suggérer rapidement un transfert vers un funérarium. Le directeur de la clinique Mont-Louis ne pouvait que nous suggérer de faire diligenter une ‘enquête externe’ selon ses mots, pour comprendre les raisons objectives de ce décès.
On n’a même pas pu voir notre frère sur son lit
d’hôpital.
On a été privé de l’information d'une éventuelle complication
pendant l’opération qui nous aurait au moins permis de rester
mobilisés, proches de lui dans le hall de la clinique et par nos
prières pour qu’il s’en sorte.
Sa femme et mère de leurs quatre enfants est venue le
chercher sans que la clinique n’ait trouvé à l’informer de ce
décès, de cette issue fatale et tragique.
La douleur et l’incompréhension se sont mêlées à un flou qui nous
dépassait tous.
Au cours de la journée un peu plus de deux cents personnes
alertées de cette tragédie sont venues à la clinique Mont-Louis
pour nous soutenir et se recueillir sur le corps de notre
frère.
Merci à chacun de la présence spontanée et réconfortante.
Pendant que tous ces gens nous témoignaient leur soutien, John et
notre avocat se sont rendus au commissariat afin de déposer plainte
pour homicide involontaire et ainsi lancer une procédure
d’enquête.
Comprenez bien que si nous avions fait les démarches pour le
funérarium, l’autopsie n’aurait plus été possible ou beaucoup plus
compliquée.
Le jour même, nous avons réussi à obtenir le dossier médical et
l’ouverture d’une enquête confiée à un service de police judiciaire
spécialisé.
En deuil, lorsqu’à la fin de cette journée éprouvante que je ne souhaite à personne de vivre, j’ai rallumé mon téléphone et j’ai constaté que la mort de mon frère avait sensibilisé une foule de gens en France, était relayé dans les médias et sur les réseaux sociaux.
J’ai été touché par toutes ces marques de soutien et les
personnes présentes.
Les messages qui montraient que les personnes aimaient Bigou ou
nous aimaient m’ont vraiment profondément touché.
Si j’ai décidé de faire ce communiqué de presse c’est pour préciser que mon frère n’est pas mort à la suite d’une anesthésie mais en salle d’opération dans de troubles circonstances.
En 2015, on ne meurt pas d’une hernie abdominale, opération banale et sans risque.
J’ai eu des témoignages de salariés de la clinique Mont-Louis (dont je ne peux dévoiler l’identité) qui considèrent et me révèlent que pour eux le chirurgien Fouzi Lachachi a « tué » mon frère, a causé sa mort.
La plupart d’entre vous ont pensé que Bigou est décédé à la suite de l’anesthésie, ce n’est pas le cas. Ce n’est pas la tragique réalité. Moi, je sais ce qui est arrivé à mon frère. Les gestes opératoires du chirurgien sont la cause de son décès.
Au-delà de cette faute, le chirurgien Fouzi Lachachi ne nous a pas informé, a tenté de dissimuler la vérité, nous a menti, n’a pas prévenu les autorités compétentes alors que mon frère a rempli un document avec son nom et son adresse. Le corps a été placé en chambre mortuaire sans que la famille ne puisse le voir sur son lit.
Je remercie Yan Le Bras d’avoir permis l’ouverture immédiate d’une enquête et d’une autopsie.
Nous sommes conscients que ce combat faces aux services hospitaliers est compliqué et que beaucoup peuvent penser qu’il est perdu d’avance.
Mon frère avait 28 ans et il était plus que mon frère :
C’était mon ami, mon associé, mon complice. Avec John et Bigou nous
avions la fraternité si fusionnelle que nous formions à trois
frères une même et unique personne.
Bigou était enthousiaste avec toutes ces perspectives qui
s’annonçaient dans la musique et dans sa vie de père, après toutes
ces années à nous battre.
Avant son entrée au bloc, il m’envoyait encore des textos pour les
tâches à faire, me parlait des clips, de notre marque.
Sachez que ce combat est celui de ma vie. Je me suis rendu compte qu’avec la médiatisation inhérente à mon statut d'artiste je devais rendre justice à toutes les familles victimes de ces fautes professionnelles, à ces morts suspectes qui ont lieu tous les jours, à ces familles isolées qui n’ont pas ma visibilité.
Nous, issus de milieu social modeste, le plus souvent, on ne cherche pas à connaitre les causes de ces décès et sommes fatalistes, nous rassurant en se disant que c’est le mektoub. Mais ma famille a eu la lucidité d’entamer une procédure et sans tomber dans la violence, nous souhaitons que toutes les personnes concernées par ces drames se manifestent, qu’elles nous contactent, que la mort de Bigou mettent en lumière les plus démunis, ceux qui ont perdu un proche, ceux qui se battent pour ces gens isolés auxquels on cache la vérité. D’ailleurs nous invitons tous les militants, avocats, et autres acteurs investis à révéler l'injustice de ces erreurs médicales à nous rejoindre dans ce combat. Et peser pour que les médecins comprennent le poids d’une opération et assument leurs responsabilités jusqu'au bout.
Un rendez-vous sera prochainement fixé devant la clinique Mont-Louis pour dénoncer cette injustice et nous vous le communiquerons. Par cette action pacifique, nous souhaitons sensibiliser les victimes sur l’importance d’être procédurier, sur l’importance de ne pas se faire avoir par les services médicaux et sachez qu’on souhaite que les médecins comme le chirurgien Fouzi Lachachi assument leurs responsabilités. Qu’ils avertissent dignement les familles. Qu’ils reconnaissent leurs erreurs plutôt que de mentir, dissimuler et ne pas informer les familles sur les circonstances réelles de la mort. Il s'agit là de respect, de dignité et de considération qui se doivent d'être valable pour tous !
Pour mon frère Bigou. Pour toutes les victimes de fautes
médicales.
Mac Tyer
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